Vie de Saint Maurille


La vie de Saint Maurille, d’après Dom François Chamard


Envoi en mission dimanche 15 septembre

Disciple de Saint Martin et de Saint Ambroise


Maurille naquit à Milan, vers l’an 336, dans une riche famille romaine. Élevé par sa mère dans la crainte de Dieu, il devint pendant un temps disciple de Saint Martin. En effet, celui-ci, après s’être établit pendant un temps à Poitiers près de Saint Hilaire, était retourné dans son pays natal, l’Illyrie, pour y combattre l’hérésie de l’arianisme. Chassé par les ariens, il s’était alors retiré dans la solitude non loin de la ville de Milan. C’est là que pendant deux années, le jeune Maurille suivit ses leçons et s’inspira de son exemple.

Vers 360, Martin repartit finalement pour Poitiers et fonde l’Abbaye de Ligugé. Et c’est Ambroise, devenu évêque de Milan en 374, qui continua la formation de Maurille. Après la mort de son père, Maurille quitta Milan pour la Gaule afin de rejoindre Martin, devenu évêque de Tours en 371. L’évêque conféra à Maurille les ordres sacrés et celui-ci exprima son désir d’aller évangéliser.

L’arrivée à « Calonna »


Envoyé par Martin, Maurille descendit donc le cours de la Loire et arriva dans le pays des Andegaves et s’installa à Calonna, un village colonisé par les romains au confluent de la Loire et du Layon. Là était établit un collège druidique (sur l’actuel Coteau Saint-Vincent) et un temple païen (sur le site de l’actuelle église Notre-Dame).

Maurille s’établit donc d’abord vraisemblablement entre l’Oppidium romain et le temple druidique, dans le lieu de l’actuelle église Saint-Maurille (les Malpavés). 

Selon le récit de Saint Mainboeuf (évêque d’Angers au VIIème siècle), A force de persévérance, de prédications réitérées, de mortifications surtout et de prières, non seulement il produisit des fruits merveilleux de conversion ; mais encore, nouvel Élie, il obtint du Seigneur que le feu du ciel descendit sur ce temple païen et le réduisit en cendres. Il construisit sur les ruines du temple une église autour de laquelle vint se grouper tout une population fidèle. 

L’établissement d’un monastère permanent


Maurille y fixa sa demeure habituelle et fonda même un monastère (du côté des Malpavés), sur le modèle des établissements de Saint Martin, et en fit le centre de ses prédications. On montre encore aux confins de la paroisse de Saint-Maurille de Chalonnes et de celle de Chaudefonds, un rocher appelé la pierre Saint-Maurille, du haut duquel le serviteur de Dieu annonçait la parole de Dieu aux peuples avides de l’entendre. Et sur une route opposée, sur la voie qui conduit à Montjean, une fontaine longtemps fréquentée comme miraculeuse, rappelle également le souvenir du saint, qui, dit-on, la fit jaillir par une vertu surnaturelle.


Saint Mainboeuf rapporte aussi, dans sa biographie de Saint Maurille, un certain nombre de miracle attribué à l’évangélisateur de Chalonnes :

Ici un habitant du village de la Possonnière, nommé Saturnus, depuis longtemps perclus de ses deux mains, est instantanément guéri par saint Maurille , aussitôt après lui avoir demandé cette grâce avec humilité . Là une femme, que le démon avait rendue aveugle depuis plusieurs années, recouvre subitement la vue au moment où elle est mise en présence du bienheureux. Tantôt c’est un moine nommé Clément, qu’une eulogie, envoyée par le saint, délivre d’une fièvre quarte qui le tourmentait depuis trois ans. Tantôt c’est un esclave traîné par des marchands avides qui est rendu à la liberté à la suite d’un prodige opéré par le bienheureux. Une autre fois, ce sont des mariniers de la Loire sauvés d’un naufrage par sa prière. Un voleur veut s’emparer de la monture du saint apôtre ; mais après avoir erré toute la nuit, il se voit, malgré lui, ramené près de la maison qu’il croit avoir évitée. Le serviteur de Dieu, loin de le punir, lui donne trois pièces d’or, pour l’engager à ne plus commettre de larcins. Une femme nommée Amélie, appartenant à une famille sénatoriale, recouvre la santé au moyen d’une onction faite avec de l’huile bénite par saint Maurille. 

Un nouvel évêque pour Angers


Cependant le siège épiscopal d’Angers vint à vaquer. Selon la discipline de l’Église en usage à cette époque, le clergé et le peuple de la ville s’assemblèrent sous la présidence des évêques de la province, dans le but d’élire un pontife. Mais déjà l’ambition avait pénétré dans le sein du clergé et de la noblesse d’Angers. La division se mit dans l’assemblée, et une scission déplorable menaçait d’aboutir aux plus fâcheux résultats. 

Saint Martin proposa donc Maurille comme candidat et on alla chercher le prêtre à Chalonnes. Suivant les envoyés du clergé, au moment de pénétrer dans la cathédrale, une colombe blanche surgit du ciel et vint se poser sur l’épaule de Maurille. Tous alors acclamèrent Maurille et Saint Martin consacra son ancien disciple comme évêque d’Angers.

Les miracles continuent


A partir de ce jour, observe saint Maimbœuf, le don des miracles, que Maurille avait reçu du ciel, prit un tel accroissement, qu’on le comparait aux Apôtres mêmes de Jésus-Christ . Il chassait les démons par sa seule parole ; à sa prière les maladies se dissipaient, les aveugles recouvraient la vue, les paralytiques marchaient, et cent autres prodiges de ce genre s’opéraient par ses mains bénies.

Les jours et les nuits, il priait pour son peuple. Simple de cœur, humble, modeste, prodigue envers les pauvres, parcimonieux et sobre envers lui-même, il devint l’honneur de l’Église d’Angers. Dans l’église de Saint-Pierre de cette ville, il rendit la vue à un aveugle-né, qui, plein de reconnaissance, consacra le reste de ses jours au service de cette même église. 

Fondation de l’église de Rochefort


A quelques lieues d’Angers, était un village appelé Commonicus (vraisemblablement Rochefort) où l’on pratiquait encore des cultes druidiques et des bacchanales. Saint Maurille, navré de douleur de savoir cela, si près de sa ville épiscopale, se rendit un jour sur cette colline avec les frères du monastère qu’il avait bâti près de sa cathédrale : ils passèrent la nuit tout entière en oraison. Au point du jour, une odeur fétide, sortit tout à coup du bois, se répandit dans l’air, puis s’évanouit peu à peu dans le lointain. 

Le saint comprit que Dieu l’avait exaucé, et que satan avait enfin abandonné ce lieu de perdition. Le peuple, joyeux, se précipita sur les les arbres réputés sacrés et les mit en pièces, et, d’après le conseil de saint Maurille , construisit à la même place une église , que l’évêque dédia à la sainte Vierge , Mère de Dieu . En mémoire de cet événement, on changea le nom de la colline en celui de Château-de-la-Pierre (castrum petrœ) qui devait devenir plus tard Rochefort. 

C’est le 13 septembre 426, après avoir gouverné l’Église d’Angers pendant 30 ans, que Saint Maurille rendit son âme à Dieu, à l’âge de 90 ans. Et c’est le 13 septembre qu’est célébré chaque année la mémoire de Saint Maurille dans le diocèse d’Angers.




Le 8 septembre de l’an 430, Maurille vint visiter ses frères moines, installés au Mont-Glonne (Saint-Florent-le-vieil). Alors qu’il priait au lieu-dit « La Croix du Pichon », au confluent de l’Èvre et de la Loirela Vierge Marie, portant l’Enfant Jésus dans ses bras, est apparue à Maurille.
« Maurille, évêque d’Angers, était en ce lieu, quand il se vit tout à coup environné d’une lumière céleste. C’était la Très Sainte Vierge, tenant en ses bras son divin Enfant, qui daignait lui apparaître, dans un peuplier. Elle dit à son dévot serviteur que la volonté de Dieu et le bon plaisir de son divin Fils étaient qu’il établît en son diocèse une fête solennelle du jour de sa sainte naissance, le 8 de septembre. C’est en Anjou que cette fête a commencé à être célébrée… » 
Cette apparition eut lieu un an avant le Concile d’Éphèse qui devait déclarer Marie Theotocos, la Mère de Dieu. Et dès lors, on commença à célébrer la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie, sous le vocable de Notre-Dame l’Angevine. Un modeste oratoire est alors construit sur le lieu de l’apparition, sur ce qui deviendra le sanctuaire du Marillais.


Sur l’île de Béhuard, entre Angers et Chalonnes, existait au temps de Saint Maurille un petit oratoire, construit sur le rocher, et dédié à une divinité païenne des eaux et du fleuves. Saint Maurille christianisa ce lieu et le dédia à Vierge Marie.
De nos jours, le sanctuaire de Béhuard, le petit oratoire du temps de Saint Maurille a été considérablement agrandit, notamment grâce à la dévotion que Louis XI portait à Notre-Dame de Béhuard. Le sanctuaire lui doit sa configuration actuelle.