Bonjour Élodie, tu t’investis beaucoup depuis quelques temps sur la paroisse, mais nous aimerions en savoir un peu plus sur toi ; peux-tu te présenter aux paroissiens de Saint-Maurille ?
Je m’appelle Élodie, j’ai 29 ans, je suis née le 6 octobre 1995 à Angers, et je vis actuellement à Montjean.
J’ai arrêté l’école à la fin de la 3ème après avoir eu mon diplôme du brevet avec mention bien.
J’ai travaillé 2 ans à l’école maternelle et primaire Saint Joseph à Chalonnes, en tant que surveillante de cour scolaire. Et là, je suis actuellement sans emploi.
As-tu des loisirs ?
J’adore cuisiner !
Je cuisine beaucoup pour mes proches, c’est mon langage …
Pour moi, c’est comme cela que je leur montre que je les aime, en leur cuisinant des plats qu’ils aiment !
J’aime aussi le maquillage et les animaux ; nous en avons beaucoup à la maison !
Une chose que tu détestes ?
Je n’aime pas la chasse, et la maltraitance sur les animaux et les enfants !
Peux-tu nous parler de ton parcours ?
Je n’ai pas eu un parcours facile. J’ai été retirée de ma vraie famille à l’âge de 6 mois, pour ensuite arriver dans ma famille actuelle chez Gabriel et Chantal, à l’âge de 8 mois et demi. J’ai été placée avec ma grande sœur.
J’étais heureuse dans cette famille d’accueil, mais pour ma grande sœur, cela se passait très mal, elle ne supportait pas le placement. Les services sociaux ne voulant pas nous séparer, elle et moi, ils ont décidé de nous enlever toutes les deux à ma famille d’accueil chez qui je me sentais bien, pour nous placer dans un foyer pour handicapés (alors que nous n’avions aucun handicap), car il n’y avait pas de place ailleurs. J’avais à l’époque 2 ans, et ça a été un arrachement.
Et puis, j’ai été pas mal ballotée; Je suis retournée chez mes vrais parents, où j’ai subi et souffert énormément de choses : maltraitance, malnutrition…
J’ai une image dans la tête : c’est le plat de raviolis en boîte que ma mère me forçait à manger alors que j’ai toujours détesté cela. Elle m’a servi ce plat pendant deux semaines, en enlevant à la fin la couche de moisi, et je n’avais pas le droit de sortir de table avant d’avoir mangé au moins un ravioli.
Ça m’a traumatisée, j’étais toute petite, mais c’est une image qui me reste.
J’ai ensuite été retirée une nouvelle fois à mes vrais parents pour atterrir dans un nouveau foyer à Angers.
Pendant tout ce temps où j’ai été malheureuse, Gabriel et Chantal se sont battus pour me récupérer.
C’est à l’âge de 7 ans qu’ils ont réussi à me reprendre, et que je suis arrivée définitivement chez eux. C’était le 23 février 2003, c’est une date que je ne peux oublier, je l’ai tatouée sur moi. Cela fait 22 ans !
Toutes les étapes importantes de mon enfance, c’est chez eux que je les ai vécues : mes 1ers pas, mes 1ers mots…
Quand je suis arrivée chez eux à 8 mois et demi, je ne savais pas m’asseoir, je restais allongée sans bouger, sans pleurer, de peur de me faire punir. Je ne savais pas ce qu’étaient mes mains, mes pieds. Ils se sont occupés de moi, ils m’ont élevée, et m’ont vu grandir.
C’est naturellement que je les ai appelés papa et maman, car ce sont eux qui m’ont aimée. Je les considère comme mes vrais parents et ils me considèrent comme leur fille, au même rang que leur fille biologique, Virginia.
A partir du moment où j’ai été chez eux, j’ai eu une enfance heureuse.
Mon adolescence a été compliquée, car j’ai fait un syndrome post-traumatique lié à tout ce que j’avais vécu auparavant. Mon passé me poursuivait. A 18 ans, je suis tombée en dépression, une dépression costaud, avec une suspicion de schizophrénie car j’entendais des voix qui m’incitaient à me faire du mal. J’avais également des hallucinations tactiles, auditives et visuelles.
Quand j’étais chez mes vrais parents, j’entendais toujours des phrases qui me blessaient profondément, qui me détruisaient de l’intérieur telles que « Tu n’aurais jamais dû être là, tu aurais dû mourir, j’aurais dû avorter…. » et je me suis rendue compte avec le recul, que toutes ces voix que j’entendais en moi, c’était les phrases de mon propre père qui s’étaient ancrées en moi, et que c’était lui que je voyais tout le temps quand j’avais des hallucinations…
Je ne pouvais même plus sortir de chez moi. J’étais cloîtrée dans ma maison. Je ne pouvais même pas sortir dans mon jardin car je vivais dans la peur d’avoir ces hallucinations, de voir mon père, de le sentir. Je me retournais à chaque instant pensant être suivie.
J’ai décidé de me faire soigner. J’ai eu des médicaments à très haute dose.
Jusque-là, je n’étais pas du tout croyante. Mes parents de cœur étaient croyants, et on allait régulièrement à Lourdes quand j’étais petite.
Moi, je ne pouvais pas croire que Dieu existait, et qu’il pouvait être bon et ne vouloir que notre bonheur, quand derrière il y avait tant de mal ! Je me disais que si Dieu existait, le malheur des enfants n’existerait pas.
C’est en demandant le baptême que j’ai commencé à cheminer vers Dieu. J’ai demandé le baptême en étant non croyante et même réticente avec la religion.
Mais comme j’allais devenir marraine d’un petit garçon, je n’avais pas le choix : il fallait que je sois baptisée pour être marraine !
J’ai encore traversé des épreuves avant de commencer ma préparation au baptême.
La marraine que je voulais est décédée, et le parrain que j’avais choisi au départ est décédé également subitement à 61 ans, deux semaines avant la 1ère réunion de préparation à mon baptême.
Trop de choses difficiles pour moi s’étaient passées, et j’étais sur le point d’appeler le père Guillaume pour dire que j’arrêtais tout.
Et puis, en prenant mon téléphone, j’ai comme entendu la voix de ce parrain qui était décédé, qui m’encourageait à continuer mon cheminement vers le baptême. J’ai senti vraiment sa présence. Ce parrain, Hervé, était croyant, et il avait toujours voulu que je sois baptisée, il m’en parlait régulièrement. Et là, il me disait clairement de faire mon baptême, que c’était important ! C’est comme cela que j’ai pu continuer mon parcours, grâce à lui. Maintenant, je dis toujours que j’ai deux parrains, le parrain de mon baptême, et Hervé, mon parrain du ciel, qui veille sur moi !
La préparation au baptême a débuté. C’étaient le père Guillaume et Pierre-Marin, le séminariste, qui me préparaient. Quand je les entendais parler, je me posais plein de questions, et plus je cherchais des réponses à ces questions à la maison en faisant mes propres recherches, plus je me posais de questions.
C’est petit à petit que je me suis rapprochée du Seigneur et que j’ai commencé vraiment à croire. Au début, quand il fallait aller à la Messe, cela m’ennuyait terriblement. Je ne connaissais rien: ni les chants, ni les prières…C’est deux mois avant mon baptême que je suis allée à la messe par moi-même et que j’ai suivi le mouvement.
Un mois avant mon baptême, j’ai arrêté de prendre tous mes médicaments, du jour au lendemain, et depuis, je me sens beaucoup mieux ! C’est depuis que je n’ai plus de médicaments que j’avance, que je me remets à sortir dehors, que j’arrive à faire des choses toute seule sans papa.
Le 8 avril 2023, j’ai donc été baptisée pendant la Vigile Pascale, qui était magnifique, avec quatre autres jeunes.
Au moment où le père Guillaume a versé l’eau sur ma tête, j’ai senti une chaleur m’envahir et un bien-être que je ne peux expliquer. J’ai vécu ensuite la fin de la Vigile un peu dans mon monde, j’étais bien.
Après mon baptême, j’ai enchainé avec le parcours Alpha que j’ai fait comme invité.
C’est le week-end Alpha qui m’a vraiment bouleversée, car je pense avoir reçu le Saint-Esprit en moi.
Pascal Maillard, le diacre, pendant une louange, a reçu une parole de connaissance en priant, et ces paroles étaient exactement mot pour mot de ce que j’avais dit à quelqu’un peu de temps avant. C’était sur le pardon. Parce que moi, j’avais besoin de pardonner à ma famille, et depuis ce jour, j’ai reçu la grâce de pardonner. Je n’ai pas oublié et je n’oublierai jamais, mais j’ai réussi à leur pardonner. Maintenant j’avance dans ma vie, et je suis libérée. J’ai fait énormément de pas en avant.
Après, naturellement, j’ai voulu continuer sur ma lancée ; j’avais fait mon baptême et ma 1ère communion, j’ai voulu être confirmée. Je me suis préparée à la confirmation avec Jean-Marc Renaud et toute l’équipe de préparation à la confirmation.
Alexandre et deux de mes cousines faisaient le parcours de préparation tout comme moi.
Au moment de ma confirmation, c’est pareil, beaucoup de grâces ! Je me suis sentie vraiment bien, et depuis, je fais des pas de géant, j’avance dans ma vie !
Quel est ton service paroissial et que t’apporte-t-il ?
Je me suis engagée comme serviteur sur ce nouveau parcours Alpha, car j’avais beaucoup reçu de mon côté en tant qu’invité, et j’ai voulu le rendre en tant que serviteur. Je voulais apporter de la joie, des sourires aux invités, parce que parfois, le parcours, il peut être un peu compliqué. Je l’ai vécu, et, intérieurement, cela peut susciter beaucoup de questions, ça travaille, ça remue ! Et je me suis dit qu’être là, avec des paroles gentilles, des sourires, ça peut aider aussi les gens.
Et l’ambiance entre serviteurs, j’aime beaucoup, c’est très convivial, c’est une très bonne équipe ! Ça m’apporte beaucoup de joie !
Des anecdotes à raconter sur le parcours Alpha ?
Ce qui me revient, c’est le week-end Alpha. Avec Cécile, on aimait bien ensemble faire de belles tables. Je me souviens notamment du petit-déjeuner du dimanche matin, où, on avait fait une très belle table, et Louison nous avait aidées, et on était contentes de rendre ce service. C’est quelque chose qui me reste et m’a touchée, et m’a fait me rapprocher de Cécile.
Quelque chose que tu as envie de partager avec les paroissiens, un passage d’Évangile qui te touche plus particulièrement ?
Moi, le passage qui me marque beaucoup, c’est dans Saint Marc 2, 11-12 :
« Alors il déclara au paralysé : Je te l’ordonne : lève-toi, prends ton brancard, et rentre chez toi ! Aussitôt, cet homme se leva, prit son brancard, et sortit devant tout le monde. »
En fait, ce verset, il me touche, car il fait écho à ma propre histoire. C’est comme une deuxième vie. C’est ce que je ressens : depuis mon baptême, c’est comme si je vivais une deuxième vie, une renaissance, comme si j’avais vécu dans l’ombre toute ma vie, et que maintenant je vis dans la lumière de Dieu.
Merci, Élodie pour ce témoignage émouvant et fort ! Merci pour ta confiance et ta simplicité à nous partager ton histoire, ta conversion. Cela nous permet de mieux te connaître.
Un grand merci pour tous les services que tu rends à la communauté paroissiale !