Bonjour Jean-Marie, tu es très impliqué sur la paroisse, mais nous aimerions en savoir un peu plus sur toi ; peux-tu te présenter aux paroissiens de Saint-Maurille ?
Je suis Jean-Marie Barrault, j’ai 67 ans, et je suis marié et père de 4 enfants. Je suis originaire du cru, mes racines sont là et je suis bien ancré dans ce coin de l’Anjou.
Je suis rentré dans la vie professionnelle en 1976, et j’ai passé 27 années dans l’élevage avicole. Puis j’ai fait une formation de dessinateur en bureau d’études bâtiment à Lorient à 39 ans, car je voulais changer de métier. Je me suis accroché et j’ai eu ce diplôme, mais finalement, je n’ai pas trouvé de travail dans ce domaine par la suite.
Par le biais d’un ingénieur à la DDE, et sur son conseil, j’ai passé le concours d’agent, et je suis rentré dans l’équipement à Chalonnes sur Loire, pendant 15 ans, à seulement 1 km de chez moi, le rêve !
Je m’occupais de l’entretien des routes sur le tracteur.
Voilà, ce ne sont pas forcément des métiers que j’ai choisis, mais je rends grâce car c’est aussi par là que le Seigneur agit et je ne regrette pas ce parcours professionnel.
As-tu des loisirs ?
Une chose que j’aime beaucoup, c’est la marche ! Il y a plein de choses que j’aime, mais la marche en particulier, car c’est une façon pour moi de me retrouver, de me vider, de me simplifier, me désencombrer, de prendre le temps de regarder et aussi de faire des rencontres. J’ai de très beaux souvenirs de marche.
Au début, je marchais seul, et là, je vais reprendre et marcher avec d’autres. J’essaye de partir tous les ans 3 semaines/ 1 mois. C’est le contrat avec ma femme, pas plus d’un mois !
J’ai déjà fait une partie des chemins de Saint Jacques de Compostelle, et j’aimerais le faire avec ma femme en entier dès qu’elle sera à la retraite.
Une chose que tu détestes ?
Faire les magasins en fin d’année ! C’est l’horreur ! Même si les intentions des gens sont bonnes, ils veulent faire des cadeaux, trouver quelque chose qui fera plaisir… Mais cette frénésie des achats, cela touche la société de consommation à un sommet, et moi, j’étouffe !
Ton parcours spi ?
Je suis né dans une famille chrétienne, avec des parents pratiquants ; j’ai suivi tout le parcours : baptisé, confirmé…, mais j’ai toujours eu soif. Le Seigneur m’a donné cette grâce d’avoir toujours soif, mais sans forcément bien le connaître et le rencontrer vraiment. En fait, toute la catéchèse, tout ce que j’avais reçu, finalement, cela restait dans ma tête seulement, même si il y avait de temps en temps des petits moments de lumière.
Je me rappelle de moments pendant l’enfance, vers mes 7-8 ans, où je faisais le soir des bisous à Jésus, et puis, cette période n’a pas duré longtemps, parce que voilà, la vie continue, on oublie, on passe à d’autres choses, il y a l’adolescence, la fête avec les copains, l’armée, l’entrée dans le monde professionnel…
Mais toujours cette soif de plus m’habitait, une soif d’autre chose que ce monde dans lequel je vivais et qui semblait ne pas avoir de sens, sans cette rencontre avec Dieu.
Et puis en 1981, (je fais le lien entre le début des apparitions à Medjugorje, et l’année du décès de Marthe Robin), j’étais à la fenêtre de ma chambre, j’avais 24 ans, et j’ai lancé un cri à Dieu, une prière, que j’appelle une « crière » où j’ai extériorisé ce qui m’habitait depuis si longtemps : « Seigneur, tu existes, je veux te rencontrer ! »
J’ai passé comme un contrat avec Dieu: « Je vais faire ma dose de prières tous les jours, et ça durera le temps qu’il faut : 1 an, 2 ans, 30 ans, 50 ans, peu importe, mais je veux te rencontrer réellement, comme Dieu Vivant ! »
Alors je récitais mes prières tous les jours avant d’aller au travail, le midi et le soir, j’avais mes petits cahiers de prières, et ça a duré 3 ans !
En 1984 (année Sainte), à 27 ans, 1 mois avant Pâques, j’ai ouvert la revue « Le sourire de Marie » à laquelle j’étais abonné et j’ai vu : « pèlerinage à Medjugorje ». Et là pour moi, ça a été une invitation si forte de Marie ! Elle m’invitait vraiment à aller là-bas. J’y serais allé à pied s’il l’avait fallu tant l’invitation de Marie était forte ! J’aime beaucoup Marie, car c’est par Marie que j’ai rencontré Jésus.
J’ai proposé à ma maman de venir avec moi, et on a fait ce pèlerinage ensemble pendant la Semaine sainte. Ce pèlerinage se terminait le dimanche de Pâques, ce qui n’est pas un hasard !
Ce dimanche de Pâques 22 avril 1984, le soir en me couchant, j’ai senti une puissance d’amour immense qui entrait en moi et me visitait ; j’étais comme ivre ! Je pense que je serais tombé si je m’étais mis debout.
J’ai fini par m’endormir, et le lendemain, j’ai sorti une cigarette de mon paquet de clopes, car j’étais à l’époque un gros fumeur (je fumais 1 paquet par jour), et finalement, je n’ai pas fumé cette cigarette. J’ai été coupé net du tabac, plus du tout l’envie de fumer, en 1 seconde ! On pouvait me fumer devant le nez, cela ne me faisait plus rien ! Terminé ! Cela a été pour moi le petit signe, le 1%.
Et puis, tout ce que j’avais vécu la veille a ressurgi, et là, ça a été un truc de fou. Le Seigneur m’a rejoint dans ce que j’étais, d’une manière sensible. Je n’ai pas vu Dieu, je n’ai pas vu Jésus, mais je l’ai touché. J’ai vécu ce qu’on appelle une « Effusion de l’Esprit-Saint », une nouvelle Pentecôte.
Ce « touché Dieu » a duré 9 mois, 24 h sur 24. C’est quelque chose que j’ai du mal à expliquer. J’ai bu du petit lait : Jésus se faisait sentir à moi et j’étais plongé dans l’amour de Dieu.
J’ai touché autant qu’il se peut, tout cet amour que le Seigneur avait pour moi.
Dieu nous donne de le rencontrer, mais il nous respecte. Ce n’est pas immédiatement que Dieu m’a guéri de mes blessures profondes, mais plus tard. Il a besoin de nous pour agir, que notre cœur soit complètement ouvert à sa grâce.
J’avais à l’époque, une fausse image de Dieu, pensant qu’il ne donnait pas gratuitement, qu’il fallait que je lui donne autant que ce qu’il me donnait, et je me suis mis à prier 4 heures 30 par jour, ce qui était complètement fou !
Au bout d’un 1 an, j’ai rencontré un prêtre, le père Lacheteau, le sosie du curé d’Ars. Quand je regardais ses yeux, je voyais Jésus.
Cette rencontre a été providentielle, car paradoxalement, de prier autant tous les jours, j’étais épuisé, et l’adversaire s’en est servi pour me casser. Le père Lacheteau m’a demandé dans l’obéissance de cesser ces heures de prière, et m’a expliqué que ce n’était pas ce que le Seigneur me demandait. Il m’a demandé de ne prier que 15 minutes par jour, ce qui a été difficile pour moi au début.
Et puis aussi, ce qui a été difficile, c’est que cette rencontre avec le Seigneur d’une manière sensible, et bien, il a fallu un sevrage, forcément ! Le but de la vie chrétienne est de vivre dans la foi, de croire sans voir. Et moi qui sentais Dieu en permanence… !
Le Seigneur a commencé en douceur: Je me souviens au début, ces 3 secondes sans le sentir; et je me suis écroulé en disant « Seigneur, tu es où ? »
Le Seigneur m’a sevré sur plusieurs années, progressivement, et ça a mis au moins 10 ans pour que je sois suffisamment solide pour croire sans sentir. Parfois, quand c’est difficile et que je suis dans le combat, ma fragilité est de vouloir retrouver ce que j’ai vécu avec le Seigneur, et je fais souvenir de cela. Mais le Seigneur est bon, et Il me redonne de vivre en pointillés des instants comme cela, comme des « touches ».
Tout est parti de cette rencontre avec le Seigneur. Il est mon phare. J’ai fait cette rencontre de Jésus Vivant, qui m’aime personnellement, d’une manière si forte que je ne peux pas l’oublier !
J’ai aussi eu la grâce à Medjugorje, pendant l’Adoration, de voir le visage de Jésus sur l’Hostie et ça m’a bouleversé ! C’est beau car le Seigneur nous montre qu’Il est présent, pleinement dans son Eucharistie.
J’ai revécu cela ailleurs également, d’une autre manière, et des années plus tard.
C’était à Lyon, il y a 7 ans environ, je marchais dans la rue pour me rendre à une messe avec le groupe Glorious.
J’ai vu un jeune qui était aux bras de son père, qui était triste, un peu défiguré et j’ai croisé son regard 3-4 secondes. J’ai vu le visage de Jésus dans ce jeune ! C’est bouleversant, Jésus est aussi pleinement présent dans l’autre, le frère. J’ai été très touché, et je n’arrêtais pas de pleurer !
Quels sont tes services à la paroisse et que t’apportent-ils ?
Un beau souvenir, une anecdote au cours de ces années de service ?
Un soir, en me préparant à une soirée Alpha, une joie profonde m’a envahi, et c’est ces joies où Dieu veut te dire que tu es à ta place, que tu es bien là, et le Seigneur te dit » vas-y ! »
Cela m’émeut, ce sont des clins d’œil de Dieu. Le Seigneur est bon, car il me fait encore sentir sa présence et j’en rends grâce, car j’en ai besoin !
Et puis ma grande joie, c’est quand je vois le sourire des invités, au fur et à mesure du parcours, les fruits, les cœurs qui s’éveillent, ces personnes qui rencontrent Dieu, en particulier à ce dernier parcours Alpha de 2023.
Vraiment, plusieurs personnes ont fait cette rencontre avec le Seigneur, et je suis bouleversé, c’est très beau, ce sont des perles, et on va finir par faire un grand collier car on commence à avoir beaucoup de perles !
Une des perles du parcours, c’est ce qu’on vit au cours d’ une soirée : la prière des frères.
J’ai vu des gens pleurer ! On n’a pas à attendre d’être capable pour faire la prière des frères. Jésus nous le demande: « quand 2 ou 3 sont réunis en mon Nom ». On est 2 et on prie pour un 3ème frère.
Jésus est là, et il agit à travers nos limites, nos faiblesses et nos incapacités. C’est Lui qui passe et Il fait des miracles. J’ai l’habitude de cela car je suis engagé dans la communauté du Chemin neuf depuis presque 20 ans, et c’est une communauté où on est ouvert aux charismes. J’aime beaucoup la prière des frères. J’ai souvent été appelé à ça, et je suis surpris et émerveillé de l’action du Seigneur dans le cœur des autres. Les gens sont rejoint par une parole, une image…
Qu’est qui t’aide à grandir dans ta vie de foi ?
J’aime beaucoup l’Esprit-Saint, et le Seigneur me donne souvent des images pour m’enseigner.
L’image qui me vient pour ma vie spirituelle, c’est une table. La table est bancale si on n’a pas les 4 pieds qui sont égaux. Les 4 pieds pour moi, c’est la Parole de Dieu, la fraternité, la prière et les Sacrements. Sur cette table, il y a une très belle nappe, blanche et bleue, c’est le voile de Marie qui est là pour nous accompagner. C’est par Marie que j’ai rencontré Jésus et j’ai reçu à Medjugorje la grâce de réciter le chapelet tous les jours. Cela peut paraître ringard aujourd’hui de prier le chapelet, mais la Sainte Vierge nous y invite sur tous les lieux d’apparitions.
C’est pour moi une prière toute simple, qui me repose. C’est la prière des pauvres. A travers le chapelet, on visite toute la vie de Jésus.
Une parole de l’Évangile qui te touche ?
» Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie », je crois que tout découle de cela ; et aussi « Dieu est Amour », et là, tout est dit ! » Celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu », et cela, c’est la part que nous avons à faire, chacun. C’est le but de notre vie chrétienne.
Dieu est présent et se donne sans cesse, mais nous, nous ne sommes pas toujours dans l’accueil de ce qu’il nous donne, et on ferme souvent la porte. Le défi de notre vie chrétienne est de toujours garder notre porte ouverte.
Quelque chose que tu as envie de partager avec les paroissiens de Saint-Maurille ?
On est vraiment une belle paroisse !
Pour notre communauté paroissiale, j’ai l’image d’un vitrail avec chacun ses couleurs. On est placé à un certain endroit du vitrail. On n’est pas forcément à côté du vert ou du rouge, mais on est placé à un certain endroit pour qu’il y ait une harmonie qui se dégage. Et en fait, ce vitrail, il est vraiment beau quand il se laisse traverser par la lumière de Dieu. Cela me touche ça, cette action de Dieu, cette présence qui est le soleil, et qui traverse le vitrail.
Je souhaite que notre paroisse grandisse dans l’unité et la fraternité, que nous accueillions sans cesse l’amour de Dieu pour devenir des saints ! La sainteté est une grâce à demander chaque jour.
Quand j’étais enfant, l’une de mes prières était : » Seigneur, je veux être saint pour Te faire plaisir ! «
Jésus verse son Sang pour chacun de nous à la Croix pour que nous soyons saints, et nous avons le devoir que ce Sang qu’il a versé pour chacun de nous ne soit pas gaspillé et que tout soit pour sa Gloire !
Merci Jean-Marie pour ce témoignage émouvant et fort ! Merci pour ce partage qui nous permet de mieux te connaître.
Un grand merci pour tous les services que tu rends à la communauté paroissiale, en tant que bénévole !